Je remonte un texte pour une amie qui souffre de son amour non reçu par un père qu'elle aimait au fond d'elle même. Il lui faut maintenant accepter que cet amour non consommé puisse toutefois la libérer...Puisse t-elle trouver la sérénité dans ces grands moments d'interrogations. Et je peux lui dire que l'amour donné est plus important que l'amour reçu... Il est le don de soi...
Puisses tu trouver la paix en toi même et apprendre enfin à t'aimer...
MF
Il était une fois , les contes commencent toujours par il était une fois, un homme à l'automne de sa vie. Fatigué il dut s'aliter . Il fut
surpris de voir chaque jour une dame blanche s'asseoir au pied de son lit. Elle veillait sur lui avec sollicitude, bienveillance. Cettte dame bienveillante c'était sa vie; elle était là
fatiguée c'est sûr mais elle était là pour revendiquer son droit à être là. Elle l'avait accompagné partout, dans son travail, amours, famille, ... Mais il ne l'avait jamais vu, trop occupé
à vivre pour les autres sans s'occuper de lui, sans voir les êtres proches qui auraient aimé qu'il les voit un peu , un tout petit peu...Il s'était dépossédé de son regard sur lui même, de sa
tendresse et de ses élans pour vivre dans cette vie d'hommes d'affaires, sa fonction de père, de mari... les mois passèrent, la maladie était toujours là , ses forces
s'amenuisaient; aussi un soir , la dame blanche , sa vie, lui chuchota: "qu'as tu fais de moi? Tu m'as trahie, tu m'as donné à ton travail, tu as vécu par procuration, tu as vécu à mi vie, à mi
rêves. Qu'as tu fais de moi, ta Vie? As tu jamais su que je t'aimais , que j'existais?
Cet homme déjà agé pleura en entendant pour la première fois , celle qui se présentait à lui comme sa vie! Il regarda non sa vie, mais son existence, sa femme absente elle même dans sa propre
vie, ses enfants, ses réussites, ses amis, ses relations, sa maison, ses biens. Il regarda d'un oeil nouveau toutes les apparences de sa vie, toutes les representations qu'il avait construites,
jouées, entretenues en vain pendant tant d'années, passant très largement à côté du meilleur de sa vie. il remonta dans le passé et vit tout prés de lui une petite fille, sa
fille qui le regardait gravement avec cette attention émerveillée que seuls ont les enfants qui savent le temps fragile. Il se souvint de ce soir où assis sur les marches d'escaliers elle
avait essayé de lui dire: " Papa , tu sais que je t'...." Mais la phrase était restée en suspend car quelque chose avait détourné son attention. Elle revint à la charge sa petite fille, plusieurs
fois ; elle essayait bien de lui dire :" Papa je t'...." mais les mots s'arrêtaient là. L'homme ne voulait ou ne pouvait entendre la fin de la phrase. Les années ont passé; la petite fille a
gardé au fond d'elle même son mot. Mais un jour, sa petite fille , devenue femme, vint lui dire au creux de son oreille: "tu sais Papa je t'aime." Ce fut un grand émoi, , il rejoignait avec ces
mots la lignée de ceux qui furent aimés sans le savoir.
Au soir de sa vie, la dame blanche lui prit la main, lui ferma les yeux en chuchotant:
- oui, c'est cela simplement cela. Tu le savais tout au fond de toi mais tu ne voulais pas l'entendre car au fond de toi tu avais très peur. Peur de montrer une image d'homme, fragilisé, ému. Tu
es passé à côté de l'amour de ta fille. Tu as été pour elle très important et elle ne t'oubliera jamais. Grâce à elle , ta place restera longtemps inscrite sur cette terre.
Puis se substitua à la dame blanche la petite fille, devenue femme, qui lui ferma les yeux et le coeur, en lui chuchotant quelque chose de très beau, des paroles immémorables qui permettent de
passer de l'autre côté. Pour la première fois , il s'apaisa et son sourire fut entier. Il acceptait enfin d'entendre le mot JE T'AIME; il pouvait à son tour s'aimer et accueillir l'immense amour
de l'univers.
D'après un conte de Jacques Salomé